PWOSAKE
Description du projet
PWOSAKE est conçu dans un alignement sur le Plan d'action pour les droits humains et la démocratie 2018-2020, sur les recommandations issues de la stratégie pays de l'Union européenne sur les droits humains et la démocratie en Haïti et sur les recommandations de la Feuille de Route de l’Union européenne pour un engagement avec la Société Civile en Haïti 2018-2021. En effet, l’action viendra renforcer les capacités des OSC et stimuler leur participation dans le respect des droits humains et dans le renforcement de l’État de droit en Haïti. L’action s’aligne également sur les objectifs généraux de l’appel à propositions en visant à renforcer la démocratie participative et représentative, tout en renforçant le rôle clé des OSC dans la fiabilité, la crédibilité et le contrôle social des processus électoraux en vue de la reprise et de la consolidation du cycle démocratique dans le pays. De plus, l’action prend en compte trois (3) des quatre (4) priorités du lot 2 par des activités par la promotion de la représentation des femmes, des jeunes et des groupes vulnérables dans les partis politiques (Priorité 1) la participation de la société civile dans la veille, le monitoring, la redevabilité et le contrôle social des processus électoraux (Priorité 2) et l’émergence d’une nouvelle génération de jeunes journalistes utilisant les réseaux sociaux pour des analyses et des reportages sur les processus électoraux (Priorités 4).
L’action vient apporter des réponses aux contraintes et besoins particuliers du pays. En effet, en Haïti :
Les élections sont souvent source de grands conflits et de violence, du fait des irrégularités qui peuvent survenir. Lors des élections générales de 2015-2016, les données recueillies auprès des Bureaux Électoraux Départementaux (BED), ont permis de noter un total de 110 actions en contestation des résultats. 51 cas concernent la réclamation de votes (46.36%) ; 28 cas portent sur des demandes d’annulation de certains centres/bureaux de vote (25,45%) ; 31 cas ont trait à la dénonciation de fraudes électorales et de bourrages d’urnes (28,18%). Certaines contestations peuvent même s’étaler tout le long du mandat des élus contestés;
Il est vrai que des missions d’observation internationales et nationales accompagnent toujours les processus électoraux. Mais, une présence citoyenne constante en termes de veille et de monitoring des processus électoraux fait souvent défaut dans les localités reculées;
Lors des dernières élections générales, la Mission d’Observation Électorale de l’UE a fait état de taux de participation très faibles : environ 22% lors du premier tour des législatives, semblable à celui du premier tour des élections de 2010-2011. Le premier tour des élections présidentielles a enregistré un taux de participation de 28,62% à niveau national;
La présence des femmes dans les institutions républicaines, demeure extrêmement faible. A la 50ième législature, par exemple, une seule femme siégeait au Sénat dans une Assemblée de 30 sénateurs, tandis qu’à la chambre des députés, seulement trois (3) femmes avaient été élues;
Pour ce qui est des jeunes ou des groupes vulnérables visibles, ils étaient quasi absents dans les assemblées parlementaires issues des dernières élections;
Les partis et les regroupements politiques ne disposent que de très peu de mesures et de politiques de promotion de leadership interne de ces groupes. Ils ne font pas montre d’engagement à faire participer l’universalité des cotoyens.nes dans la gestion du pays au moment de procéder aux choix de leurs candidat.e.s;
Il est à souligner également un manque de contrôle social des processus électoraux. Les OSC ne sont pas présents dans les activités de monitoring des processus électoraux. Les journalistes sont sous-outillés dans la question électorale pour gérer adéquatement leur couverture électorale en respectant les principes d’une approche basée sur les droits humains.
Naturellement, en termes de complémentarité, le projet cherchera à combler les besoins du PROSCH de stimuler une société civile active, renouvelée et renforcée. A ce compte, il mettra à profit tous les acquis compatibles qui sont déjà disponibles au niveau de PREPOMPP. Aussi, il évitera tout double emploi avec les autres projets de l’UE, dans une recherche parfaite de synergie avec les projets en cours concernant les domaines prioritaires du 11ième FED.
L’action cible, à l’échelle nationale, 100 femmes et jeunes, membres de partis politiques, qui seront sélectionnés sur recommandation de leurs partis d’appartenance, lesquels doivent eux-mêmes avoir une présence nationale et décider de participer aux élections. Les partis politiques ne disposent pas en général de politiques internes de mobilisation des femmes, des jeunes et des groupes vulnérables. Les jeunes et femmes leaders desdits partis n’ont pas les capacités de développer seuls des actions de mobilisation de ces groupes. Par ailleurs, l’éventualité de contentieux électoraux impliquant les rares femmes candidates, leurs partis ne disposent pas forcément de moyens financiers pour payer les honoraires d’avocats. L’action les aidera à savoir comment mieux se mobiliser à l’intérieur de leur parti respectif pour y améliorer la transparence interne et également à une politique d’intégration des jeunes, des femmes et des groupes vulnérables. De plus, des femmes avocates antérieurement formées en contentieux électoral par VDH-PREPOMPP-PROSCH seront rendues disponibles gracieusement aux femmes candidates en cas de contentieux électoraux impliquant celles-ci.
L’action cible aussi 300 OSC des 10 départements, particulièrement des organisations de jeunes et des organisations de femmes. 600 membres de ces OSC, dont au moins 70% seront des femmes et des jeunes, seront directement touchés. Ces OSC ont un besoin de disposer d’informations pertinentes sur les processus électoraux, d’intégrer les questions transversales dans l’agenda électoral et de participer à l’observation des processus électoraux. L’action va les aider à avoir accès à ces informations à travers une plateforme numérique, sur leur téléphone, avec possibilités de feedback ou de demandes de clarification.
De même, l’action leur permettra de discuter directement avec les candidat.e.s à travers des ateliers sur les questions transversales et sur les grands enjeux socio-économiques du pays.
L’action cible également le Forum National de la Société Civile d’Haïti (FONSOC Haïti), structure mise en place dans le cadre de VDH-PREPOMPP-PROSCH regroupant des OSC des 10 départements dont les besoins tournent autour d’appui technique pour la mise en place d’un système local de veille et de monitoring des processus électoraux. L’action l’aidera à disposer d’antennes départementales d’observation des processus électoraux et le renforcera de manière à pouvoir produire et publier des rapports assortis de recommandations.
L’action cible enfin de 40 jeunes journalistes, soit 20 femmes et 20 hommes, mobilisés dans les 10 départements géographiques du pays, dont les besoins sont notamment celui de capacités d’analyse et de reportage en matière électorale selon un approche Droits humains et celui se rapportant aux moyens logistiques pour produire et pour publier leurs productions. L’action les outillera pour pouvoir produire et les accompagnera pour qu’ils puissent publier à travers les re1seaux sociaux leurs productions.
Quant aux bénéficiaires finaux, ils sont représentés par :
La société civile qui sera accompagnée pour penser global et agir local, qui viendra combler ses besoins de renouvellement, qui jouera plus activement son rôle d’agitatrice de conscience, de baromètre des processus publics de démocratie et d’incitatrice de politiques/mesures publiques en faveur de la population (particulièrement les groupes vulnérables) et dont les capacités seront renforcées pour influencer positivement les processus électoraux ;
- Le Parlement et les Collectivités territoriales (Mairies, CASEC, ASEC) qui bénéficieront de la participation des femmes, des jeunes et des personnes issues des groupes vulnérables en particulier et qui pourront recevoir en leur sein des élus issus d’élections plus fiables, plus crédibles et socialement acceptées et qui, à terme, seront plus performants ;
- Les partis politiques dont la performance sera augmentée grâce à l’intégration de nouveaux adeptes issus d’un groupe d’acteurs porteurs d’idées novatrices et qui, in fine, pourront mieux orienter les politiques publiques en faveur de la démocratie et de l’État de droit ;
- La population haïtienne par le bénéfice des effets directs et indirects du projet en termes d’amélioration de la démocratie représentative et participative et de consolidation du cycle démocratique capable de garantir le respect des droits humains et le développement durable. Elle subira moins de crises politiques qui mettent en danger son avenir comme peuple indépendant.
PWOSAKE est proposé par le VDH (Volontariat pour le Développement d’Haïti), comme chef de file, accompagné de CLES (Collectif contre l’Exclusion Sociale) comme codemandeur. Les deux (2) organisations sont reconnues pour leur implication notoire depuis plusieurs années à l’amélioration de la qualité de vie de la population haïtienne. Créé en Haïti en 1988 et présent dans tous les départements géographiques d’Haïti, le VDH est une organisation phare de la société civile haïtienne regroupant plus de 40,000 haïtiennes et haïtiennes. Il possède une extraordinaire capacité reconnue de mobilisation, de formation, d’accompagnement des OSC. Il a, par ailleurs, démontré une remarquable capacité de gestion comme Récipiendaire Principal de nombreux projets impliquant plusieurs partenaires et, à juste titre, joue, dans le cadre de la présente proposition, le rôle de demandeur. Établi dans le Nord et Nord-Est depuis 2010, CLES est une association de professionnels chevronnés et engagés dans le développement socio-économique du pays, particulièrement de la région Nord. Il a mis en œuvre avec succès le projet PARSH dans les 13 communes du Nord-Est et a développé depuis, avec des financements de l’UE, plusieurs projets d’appui aux producteurs/trices dans cette région.
L’action attend quatre (4) produits :
a) la disponibilité de mesures et de politiques d’intégration dans les structures politiques des personnes vivant avec un handicap, des femmes et des jeunes, incluant des personnes LGBT+ , suite à l’accompagnement de membres d’OSC;
b) le renforcement de la connaissance et des actions des OSC sur les enjeux électoraux;
c) l’implication du regroupement des OSC, le Forum de la société civile, dans l’observation électorale locale;
d) l’émergence d’une nouvelle génération de journalistes capables d’articuler et de reporter sur les acquis et sur les failles de l’approche des Droits humains dans les processus électoraux en Haïti.
Ces différents produits vont concourir, au bout de vingt-quatre (24) d’intervention, à un effet direct, à savoir
« l’amélioration de la participation des OSC, incluant les organisations de jeunes et de femmes, dans la transparence, l'efficacité et la crédibilité des processus électoraux ». Lequel effet direct mènera à l’impact de « contribuer au renforcement de la démocratie participative et représentative en Haïti en soutenant le rôle de la société civile dans la reprise et la consolidation du cycle démocratique ».
Ainsi, grâce à l’action, les groupes cibles, qu’il s’agisse des femmes et des jeunes qui sont membres des OSC adhérant au projet, qu’il s’agisse des OSC elles-mêmes et du Forum National de la Société Civile ou des jeunes journalistes, eux tous verront un renforcement de leurs capacités et de leur marge de progression pour offrir des services de qualité et de support aux populations. Pour ce qui est des bénéficiaires finaux, la société civile sera plus apte à assumer ses responsabilités d’avant-garde dans la construction de l’État de droit; le Parlement et les Collectivités territoriales seront plus performants avec la présence de membres issus de tous les groupes sociaux; la population générale pourra mieux jouir des bienfaits de la démocratie participative et représentative et du développement équitable qui en découlera.
Et, quant au VDH et à CLES, qui forment le consortium de mise en œuvre, ils continueront à affiner leur expertise dans le renforcement de la société civile acquise au rôle qu’ils avaient joué, que ce soit dans PARSCH, dans PROSCH ou d’autres actions menées avec et pour la société civile haïtienne.