3e Forum national des organisations de la société civile sous la houlette du VDH

Le Forum national des organisations de la société civile a tenu sa troisième édition les 20 et 21 juin 2025 au Karibe Convention Center, à Pétion-Ville. A l’initiative du Volontariat pour le Développement d’Haïti (VDH), l’événement a réuni 160 participants : des délégués des organisations de la société civile des différents départements du pays et de la diaspora, des représentants du Conseil Présidentiel de la Transition (CPT), du gouvernement et des partenaires internationaux. 

Ce Forum national, organisé en partenariat avec le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a été organisé suite à une série de 14 assemblées d’organisations de la société civile tenues au niveau des dix départements géographiques du pays et de la diaspora, indique Emile Brutus du Comité d’organisation. Il s’inscrit dans la continuité du Cadre stratégique d’action de la société civile sensible aux jeunes et aux femmes et a permis de débattre de sujets tels « la gestion de la transition », « les réformes constitutionnelles » et « l’organisation des élections », poursuit M. Brutus. « Le Cadre stratégique, appelé à être évalué et à évoluer en fonction des exigences conjoncturelles, a servi à la fois de prisme et d’étalon pour observer et mesurer les acquis, les manquements et les défis de la gestion de la transition », précise ce cadre expérimenté.

« En substance, ce 3e Forum national des organisations de la société civile se veut une activité qui participe d’un engagement collectif, en phase nette avec ce besoin et cette quête interrompue d’un civisme actif, éclairé et productif garant du renouveau patriotique dans ce contexte social, politique et économique particulièrement troublé et rempli d’incertitudes et de souffrances », indique Dr Arnoux Descardes, Directeur exécutif du VDH. 

Aujourd’hui, la situation de notre pays est inquiétante, rappelle-t-il ; l’État et les institutions publiques sont à terre, tandis que les autres secteurs de la vie nationale gémissent face à l’effritement moral et la destruction du système économique national. « Dès lors, notre société civile est attendue au tournant devant l’effondrement général de notre société : elle se doit de remplir aujourd’hui, ici-même, la responsabilité historique qui est la sienne, c’est-à-dire celle d’une force - à la fois - de proposition et d’action. C’est à cette tâche que va s’atteler cette belle assemblée de délégués des organisations de la société civile tant de l’intérieur du pays que des communautés haïtiennes de l’extérieur », soutient Dr Descardes.

A en croire Dr Descardes, ces deux journées ont permis d’échanger avec des spécialistes et des praticiens de toutes les questions liées aux grands défis auxquels fait face le pays. « Nous avons pu discuter du brûlant sujet de la réforme de la constitution, des avancées et des reculs éventuels, des forces et des faiblesses de l’Avant-Projet. Nous avons tablé sur les processus référendaires et d’organisation des élections dans le pays », dit-il.

Sancho Coutinho, Directeur aux affaires politiques de BINUH, croit qu’il faut changer la façon de faire pour que le pays puisse avancer. « En ce sens, les jeunes et les femmes sont les mieux placés », dit-il, en saluant l’engagement dont les jeunes et les femmes présents au forum ont fait preuve. « Le BINUH soutient les initiatives de la société civile, surtout lorsque cela vise à renforcer la participation des jeunes et des femmes. C’est pour nous un grand honneur de pouvoir travailler avec le VDH sur ces questions », conclut-il. 

Pour Jean Bayard Bien-Aimé, à l’Organisation des État Américains (OEA), la société civile, par son rôle de promotion des valeurs démocratiques et de renforcement de la cohésion sociale, se positionne comme acteur incontournable dans le processus de transformation institutionnelle et sociale. « Elle constitue à bien des égards, un pilier de la bonne gouvernance et partenaire stratégique dans la mise en œuvre de la vision et de la mission de l’Organisation des États Américains », souligne-t-il. 

« Le Cadre stratégique n’est pas resté lettre morte », informe le Conseiller-Président Frinel Joseph. « Il a nourri nos réflexions et inspiré nos décisions et orienté plusieurs de nos actions au sein du Conseil Présidentiel de Transition », témoigne le représentant de la société civile au CPT.  « Mais soyons lucides et sincères, le chemin reste difficile. La transition n’est pas un long fleuve paisible, elle est parsemée d’obstacles. Nous devons avoir le courage de le reconnaître sans jamais laisser les adversités éteindre la flamme de notre détermination » 

Aperçu des recommandations 

Avant tout, le 3e Forum national des organisations de la société civile a admis qu’il est urgent que le pays soit dirigé par des autorités légitimes, lit-on dans les résolutions. En ce sens, il a recommandé de :

-   Accentuer les efforts pour mobiliser les voies et moyens susceptibles d’adresser concrètement les problèmes sécuritaire et humanitaire ;

-   Lancer un processus de dialogue permettant de dégager un consensus rapide sur les questions de (i) l’harmonisation des mandats des futurs élus, (ii) les ⁠procédures de décharge administrative et⁠ (iii) la procédure de révision constitutionnelle, entre autres ;

-   Élaborer un calendrier politique et un décret électoral qui facilitent la réduction des partis politiques et la participation des jeunes, des femmes et de la diaspora, pour l’organisation d’élections démocratiques et inclusives, dans le plus bref délai, financées par des moyens internes ;

-   Continuer les débats sur le processus constitutionnel pour renforcer le texte qui sera soumis à validation, indépendamment du processus électoral à mettre en branle.